J'écris moins ces dernières semaines...
Trop peu d'envie? Trop peu de temps? Trop peu d'inspiration ou d'inspiratrices?
Trop peu de soleil peut-être ou bien n'est-ce qu'un trop peu de couleurs?

 Ces dernières semaines furent pourtant bien remplies : Ora, Stéphanie et Pauline formaient déjà à elles trois un trio suffisamment détonnant pour retenir occuper mes jours -et surtout mes nuits- qui fut renforcé par le retour d'A. dans ma vie.
Comme par une étrange fatalité, le soleil n'a eu de cesse de s'exhiber du haut de son trône azur, éblouissant et révélateur de la véritable couleur du monde. Toute la nature était en éveil, de la rose à l'oiseau en passant par l'arbre, le papillon et la Femme. Ce fut une sarabande sans fin qui ne me laissa pas un instant de répit, pas une seconde d'accalmie, pas une pensée concrète. Les couleurs se jetaient devant mes yeux de toutes parts et j'aimais cette douce folie des sens qui me berçait, me portait, m'éloignait de ces bases si réelles que sont la société, les Hommes, les autres.

 Mes désirs, sans cesse assouvis, se renouvelaient comme si la pléthores des désirs du monde se retrouvait emprisonnée dans les couleurs qui couvraient la Nature, se découvrant à chaque seconde devant mes yeux de sorte que je ne pus voir que ce chemin bordé de lumière qu'il me traçait avec tant de majesté que je ne pouvais que le suivre. Puis...

 Retour subite sur terre.

 Les êtres humains ont cette fâcheuse tendance à attendre quelque chose de ceux qui les entourent. Plans, projets, fidélité, engagement, futur : voila les maitres mots en ce début de siècle entre deux personnes que le désir avait réuni sous ses auspices.
 Qu'en est-il de celui qui refuse de s'accorder au ton de ce discours?
 Qu'en est-il de celui qui refuse de tirer de sa palette les couleurs qu'on lui réclame?
 Qu'en est-il de celui qui ne veut dépeindre ses rêves que sur des tableaux éphémères, des éclairs de lumières, dont les couleurs s'évanouiront presque aussitôt qu'il aura donné le dernier coup de pinceau?

 Qu'en est-il de celui dont les seuls couleurs que contiennent ses yeux sont si vives qu'elles ne peuvent que faire souffrir... ?

 Stephanie veut un amant tel qu'elle en a vu dans "the perfect murder" : un artiste à la fois sombre et rayonnant, séduisant et dangereux. J'en ai l'air, je n'en veux pas la couleur.
 Ora veut un nouvel amour : tendre, patient, cultivé et drôle. Elle veut des milliers de câlins, de la tendresse à en mourir. Je voulais qu'elle m'aime et tourbillonne, se perde et se raccroche à moi comme à la seule bouée qui puisse, si pas la sauver, lui donner cet espoir en la vie. Je ne la laisserai pas se noyer... mais est-ce un sauvetage? Elle préférera peut-être s'être noyée qui sait... L'habit peut faire la moine mais la couleur ne fait pas l'amoureux.
 Pauline veut un professeur, un guide, un gourou. J'ai accepté, à l'abri de son copain, de l'initier aux secrets du Soleil et des couleurs. Elle s'est montrée une disciple assidue, sans cesse assoiffée de corps, d'esprit et de sexe. Elle s'offrit en sacrifice chacune des trois rencontres, victimes consentantes d'un envol qu'elle désirait ne jamais achever. Il est temps pour elle de prendre toute seule cet envol, de vérifier si l'herbe - le ciel ou le soleil - a une autre couleur ailleurs.   

 Le désir ne souffre pas les chaîne, le poids des espérances, la pression des attentes. Il attend le premier souffle, le plus infime, pour s'envoler à nouveau pour ce point où les tons rouge-orangers  du soleil agonisant se fondent avec les reflets blancs et bleutés de l'océan se préparant à engloutir la lumière.

  Mes tableaux sont mortels et s'évaporent comme neige au Soleil. Je n'y vois là que la Nature des choses. L'être humain tend sans arrêt à vouloir s'inscrire dans le Temps (dans "son" temps en réalité) alors qu'il devrait savoir - regardez le ciel ou la télévision - qu'ici bas, rien n'est fait pour durer...

                                                                                        ...même pas les plus belles couleurs.