Les nuages sont lourds au dessus de ma tête.
Ils prennent des formes sculptées par les anges les plus délicats que les cieux abritent, des formes irréelles, voluptueuses, formes tracées par la plume d'un oiseau issu d'un rêve. Ils lestent la voute célèste d'une tenture de vapeur et de coton, voile d'ombre et de ferraille, masque anciens des valses de Venise, loup de gaze et de fumée.
Les couleurs sont toujours endormies...

Le soleil s'est réfugié derrière un voile grisatre et ouateux. C'est que je ne suis pas d'humeur, aujourd'hui, à vibrer de toutes mes forces. Je me contenterai de dispenser une lumière diffuse, caressante, et d'azurer le ciel d'une note aux sonorités qui rappellerait les plus doux parfums et les tonalités les plus égayées. Non, le soleil n'est pas de mauvaise humeur : il se repose. Il savoure en pensées; il revit dans sa chair; les douceurs et les notes qui , l'une après l'autre, chacune comme si elle était une vie entière,ponctuèrent ce week-end éclair...

J'aime ces éclairs de métal et d'agathe, orages de passions et de rage, tempête, tourbillon bien plus que valse; lutte bien plus que possession. Elle a le goût doré des étés naissant, avec cette touche pêche-oranger qui remet en mémoire ces étérnités langoureuses dédiées à ne rien faire d'autre que s'adonner au désir. Elle goute le soleil sous toutes ses facettes et c'est bien jusqu'à lui que je compte, le temps d'une dérive qui ne durera qu'une Eternité, l'emporter. Le Soleil, qui n'en a cure, rit de me voir si bête, si fou, si coloré. Le moi paresseux a, par les graces de Christa, prit le large et laisse à ma part éthérée le soin de mener le pas de la danse. La lumière est parfaite, la musique est enchanteresse et mon désir fleurte avec les étoiles. La Valse va pouvoir continuer...

 Les femmes sont belles et le Soleil luit...
 Il n'est un instant où le désir et l'envie ne me tenaillent le coeur, me dévoilant, jour après jour, d'enchanteresses couleurs.

 Le soleil est fort capricieux aujourd'hui...
Refuse-t-il de m'accompagner aux Pays-Bas?
Les oiseaux aussi se sont enfuis sur mon passage, comme si la mélancolie qui  émane de moi les poussaient à chercher de plus belles couleurs.
 Lassitude ou fatigue?
Non...
 Les couleurs du désir que j'éprouve pour mes amantes actuelles s'estompe au fur et à mesure.
La fin est irrémédiable et il va être temps d'orienter la lumière du soleil vers de nouvelles compositions.
 Une femme qui quitte ma vie, c'est une petite victoire de la Mort sur la Vie. Je ne les quitte jamais avec plaisir et les larmes qui perlent leurs yeux ont une couleur qui, si je n'y prends garde, me rappellent auprès d'elles...

 Ma journée commence...
Le Soleil ne m'a point délaissé : il m'accompagnera tout au long de ce jour que je veux plein de ses bienfaits.
 Remercions-le de briller aussi fort...
 Remercions-le, nous le pouvons encore...
 Si la Nature est belle c'est grâce à son habit d'or...

 Moment de calme...
Voila qui devient de plus en plus rare.
Mes jours sont ensoleillés par la grace que le ciel me fait chaque jour de laisser les femmes être belles et mes nuits chaudes et pleines du désir de qui m'accompagne.
Les traditionnelles 24 heures de la journée ne suffisent plus à épancher ma joie de vivre et mon gout pour cette Nature car, lorsque la musique germe en mon esprit, c'est la Valse qui recommence et les couleurs qui s'affolent.

 Les forces me manquent...
Je vais me coucher.
 Cela va bientot faire quarante-huit heures sans pause que je passe d'une femme à l'autre avec une allure vertigineuse.
 Quelle folie me pousse de cette pernicieuse manière sans cesse vers des horizons colorés. Tous ces visages et ces corps que je croise, imagine, perds...
C'est à en devenir fou!
 C'est comme cette jeune femme que j'aperçus aujourd'hui. Le soleil avait décidé de la sur-exposée afin que je ne puisse la manquer.
Encore l'envie d'une bouche, d'une main, d'un corps...
Quelle douleur lorsque je la vis monter dans le bus qui s'éloignait de moi...
Douleur à l'idée que mes désirs - azurs, bleus, verts et or pour la circonstance -, qui la caressaient déjà du bout des notes, se verront privés de cette douce rencontre.
 Douleur, surtout, à l'idée de me dire qu'elle ne saura jamais que mon regard l'aimait déjà sans la connaitre et qu'il ne la reverra plus.
 Les femmes qui dansent à la lumière du soleil sont toutes belles.
Il me l'a avoué : lui même ne saurait choisir.

 Je ne m'étendrai pas plus ce soir.
Bien que ces derniers jours ( et nuits) aient été fort occupé(e)s, je ne me sens pas la force d'insister beaucoup plus.

 Je vais m'accorder un petit joint face à la Lune si elle se montre : elle est fort jalouse.
Mais quand elle aime ! Quelle maitresse !
L'unique qui, même en tenue d'Eve, arrive à éveiller des passions...

                                   ...couleurs de rêve.

  - Tu n'es pas un salaud mon pauvre don Juan. Tu n'es pas un jouisseur non plus...
    Tu m'as plutôt l'air d'un loup... un loup traqué par une meute.

 - Quelle meute?

 - Ne la vois-tu pas?

 Notre échange a été interrompu et notre conversation détournée... Je viens d'y repenser.

 Liane... C'est une fille de bonne aloi et je doute qu'il existe un autre modèle comme celui-là...

                                                           ...avec la même couleur.

 Ce soir, je reste à la maison...
Cette fin de semaine fut éprouvante mais les joies qu'elle m'a procuré ne souffrent aucune comparaison.
Rouge, rose, bleu, brun. Le soleil s'en mêlant, j'eus droit à des touches d'or sur mon tableau aux allures printanières. Les femmes semblent éclorent devant moi comme devant le soleil, à moins que mes désirs ne soient particulièrement transmissibles.
 Les moments que je trouvais si longs se mirent à cavaler le long du Temps tant et si bien que je dus extraire l'essence même de chaque seconde . Chacune fut une petite éternité qui s'envolait après un "tic" agaçant mais que je savais revenir avant un grinçant "tac".
 Je hais les montre et ce qu'elles représentent. Je les supporte si mal que mes amantes se convertissent une à une à l'abandon de toute marque temporelle. C'est un petit cadeau qu'elles nous font, soucieuses de ne plus contempler ce Temps qui nous rapproche ou nous éloigne tour à tour selon ses humeurs.
 Je voudrais qu'elles oublient à jamais la notion de Temps tel qu'on nous l'enseigne : invariable et omniprésent;  pour ne se concentrer que sur l'instant vécu - les cinq secondes - qui contiennent l'Éternité.
 Le reste n'est que silence et vanité. Connaître l'Éternité ne nécessite pas toute une vie et l'intensité n'a que faire de la durée.
 Voilà, peut-être, ce que je devrais vraiment essayer de leur faire comprendre...