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Peu importe les couleurs...
--> ...chacune est Reine de coeur.

Les nuages sont lourds au dessus de ma tête.
Ils prennent des formes sculptées par les anges les plus délicats que les cieux abritent, des formes irréelles, voluptueuses, formes tracées par la plume d'un oiseau issu d'un rêve. Ils lestent la voute célèste d'une tenture de vapeur et de coton, voile d'ombre et de ferraille, masque anciens des valses de Venise, loup de gaze et de fumée.
Les couleurs sont toujours endormies...

Enfin, lentement comme l'on entrouvre les yeux après un baiser tant désiré, comme on navigue sur les mers de songes, le vent emporte ces montagnes ayant vaincu la les lois de la pesanteur.
J'aime ces courses vers l'Ailleurs, ce mouvement imperceptible, ce glissement vers l'autre frontière bleue qui est le domaine des anges. C'est leur souffle qui fait danser les feuilles mortes, leur insufflant la vie le temps d'une brève valse. C'est lui qui écarte les nuages pour faire surgir le Soleil.
Déjà ses rayons percent...

Le cortège de lumière peut enfin jaillir d'un orifice que je n'avais pas remarqué, fontaine de musiques aux airs barriolés. Il plante ses ramifications comme autant de fleurs: racines, tiges et coeurs. Ca y est, le monde à nouveau s'est couvert d'or et de rouge. Il est à nouveau la toile de l'enfant qui voulait créer sa vie. Mon coeur se remet à battre et la sonate argentée, toujours aussi cristalline, achèvent ce prélude en mettant un regard en exèrgue.
Pouvais-je, alors que ces deux perles bleues embraseraient Ciel et Terre, me refuser à écouter la couleur des mille interrogations qu'il me posait?
Je me voyais à nouveau emporté dans le carillon des couleurs contre lequel je ne peux lutter...

J'avais rendez-vous avec Kay, dans ce même parc, une demie heure plus tard.
Pleine de symphonies fleuries aux accents tendresse et passion, craintes et abandon, Kay est une femme sur qui la fée de la délicatesse n'eut de cesse de se poser.  Son regard recelle une profusion de couleurs qui percent le coeur aussi surement qu'elles emballent les corps. C'est une femme qui possède des compositions venues d'un autre monde, andantes qui lui sont personnels et qui surgissent d'une âme que je n'ai de cesse de contempler.
Les couleurs qu'elle m'inspire, je les recueille, m'en abreuve - douce ivresse du désir qui mène aux portes de l'extase -  puis les pose avec patience sur la toile notre histoire. Ses rouges, ses jaune-oranges, ces roses timorés et ses violets langoureux m'étourdissent autant que la musique qui berce la valse. Les éclats de mon amante rejaillissent sur le monde : il est beau et je souhaite le voir toujours ainsi.
C'est sur cette pensée que je croisai cet éclair, cette fugitive lumière, étendue d'eau et de cristal si limpide qu'elle m'en fit mal.
Oui, le regard de Bérénice me fit mourir...

Je n'eus pas à réfléchir à la démarche que j'entreprenais ou à ce que je lui dirais : la valse ne s'interrompt jamais, je l'ai depuis longtemps déjà compris. 
Je m'installai à ses côtés alors qu'elle faisait mine de dessiner. Bien qu'elle m'adressa un regard incrédule au premier abord, je gardai le silence et me contentai d'observer son dessin.  En y apercevant des croquis de tous genres, je lui sussurai que j'avais cru que c'était un portrait de moi qu'elle réalisait. Devant son étonnement, je me présentai  et je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres(mon prénom a cet effet sur les artistes). Des lèvres dont le contour m'appelait sans cesse à y poser la bouche. La douleur qui me serrait le coeur était trop violente et le sourire de Bérénice ajoutait de nouveaux coloris à la gamme originale. Le Temps - toujours Lui - me pressait. Elle se présenta et dévoila tout de suite une femme "nature" comme je me plais à les appeler. Cette jeune femme au corps de nymphe et au sourire provoquant a le profil de la créature désireuse de se fondre dans l'univers par tous les moyens à sa disposition.

Elle m'aida quelque peu lorsqu'elle voulut savoir pourquoi étais-je venu lui parler "à elle"? Depuis ma séparation d'avec A., mes souvenirs sont plus vifs, plus incontrolables. Ils ne s'annoncent jamais et ont des effets imprevisibles. Cette question me ramena face à Liane... puis ce fut Eve, avec qui je passai le week-end à Prague (j'en avais oublié de vous en parler). Les souvenirs ranimèrent les émotions, frémissements, les envols... Je lui avouais que c'est son regard m'a attiré. Je lui expliquai que je ne désirais pas m'amuser à "faire la drague", je ne tenais qu'à me rapprocher d'une jeune femme qui m'avait touché. Je m'etais d'ailleurs dangereusement rapproché d'elle, et je pouvais dire ainsi de l'arrivée de Kay.
Cette demie heure passa comme un battement de cils. Nous avions rit et pensé : voilà deux ingredients qui donnent de splendides teintes, variations sur le thème du coeur. Mon unique expédient fut de lui donner mon numéro de téléphone, sans simagrées d'aucune sorte, sans excuses ni alibi. Le sourire que nous échangeames ne s'affichaient sur nos visages uniquement pour contrebalancer les notes que jouaient nos yeux. Et encore ! Jusqu'à il y a peu, je l'ignorais.

Cette rencontre intervint mardi après-midi...  J'ai revu aujourd'hui cette femme que je voudrais connaitre plus, embrasser plus et ébaucher une relation avec elle au besoin. Je n'ai guère envie de l'aimer à la hâte. Je souhaite voir Bérénice sous tous les cieux et sous toutes étoiles. Je nous vois nous ensemble sous le Soleil et sous la neige, je nous vois rire, tracer les premières lignes du contour du pays des anges. Je nous vois - un an, une nuit? - ébaucher, à coups de bleus, verts, ors, blancs, jaunes, bruns et rouge (surtout rouge), les notes qui nous berceront sur la piste aux mille couleurs.

Demain sera le jour de notre naufrage ou de notre envol, dansez Couleurs jusquà la rendre folle! Jusqu'à la terre de lumière et d'oubli
, ce lieu où mes passions prirent vie.

Ecrit par L'Homme de Couleurs, le Jeudi 18 Mai 2006, 02:38 dans la rubrique Couleurs désirs ( Don Juan en couleurs).

Commentaires :

alex
18-05-06 à 16:16

Les couleurs...

Contes humains de la cité j'attends les couleurs de vos histoires...
:)

 
Maylis
18-05-06 à 20:08

insatiable Dorian

tu es un séducteur insatiable Dorian y aura t-il une suite avec cette jolie artiste? bon WE à toi, bises

 
alex
21-05-06 à 17:14

Re: insatiable Dorian

Vos histoires vibrantes...
Palpitantes.
Intenses.
Dorian...


 
Maylis
21-05-06 à 21:35

Mais qui êtes vous?

tiens tiens je vois qu'Alex a aussi "atteri" par ici ;-) Normal, les choses de l'amour lui parlent aussi. Dorian comme personne manie plume rimes et mots mais peu de personnes savent qui se cachent vraiment derrière ce personnage de don juan: vérité? mythomanie? acteur? éternel amoureux gourmand? je ne souhaite pas le découvrir, pour moi Dorian reste et restera virtuel et auteur...

 
Dorian
22-05-06 à 16:07

RE : Mais qui êtes vous?

Etrange qu'un enfant puisse autant vous effrayer,
Les questions qui vous répulsent ne sont-elles celles qui vous ont attirée?
Ecoute encore les couleurs, je sais que tu entendras,
La sonate du fond des coeurs, celle qui me fait danser comme cela.

                     Dessine moi un mouton May...

                                    ...un mouton de toutes les couleurs                   


 
Maylis
22-05-06 à 23:03

Re: RE : Mais qui êtes vous?

vous ne m'effrayez pas Dorian c'est bien mal me connaître pour moi vous êtes un auteur-blogueur dont j'apprécie de parcourir l'espace en ligne vous écrivez fort bien et le savez mais je ne souhaite pas en savoir plus à votre sujet le mystère qui se cache derrière les mots doit rester entier ;-) salutations cher Dorian Gray

 
alex
01-06-06 à 15:11

Re: Re: RE : Mais qui êtes vous?

Te lire?
ou es tu?

 
alex
25-06-06 à 13:53

Re: Re: Re: RE : Mais qui êtes vous?

Reviendras tu un jour?