Jamais je ne me sens plus compris par un être humain que lorsque je parle à une femme que je désire.
 C'est comme si nos pensées, nos rêves, nos envies se retrouvaient cristalisées dans le regard de l'autre. Quel tourbillon que ce sentiment d'unité qui nous lie alors! et quelle extase au moment où cette union devient charnelle scellant par cet unique pacte un mariage de couleurs.
Jamais, j'en suis sûr, je ne ressens cela en dehors de ces instants...
Cet instant. Celui où même mon esprit devient clair; où les rayons du soleil se décomposent en jets de couleurs... 

Car jamais non plus je ne me suis senti plus trahi que lorsqu'une femme qui, la veille encore, ne comprenait que trop ce désir de goûter le monde entier et de l'embrasser   - l'embraser - sous toutes ses formes et qui aujourd'hui pleure, crie, supplie ou injurie selon la couleur qui lui prend le coeur au moment des adieux.
 Jamais la nature humaine ne m'a parut si double et si fausse. 
Attention, point de mysoginie! Cela n'est, naturellement, pas l'apanage des femmes : nombreux sont les mâles qui, trop oublieux de leur bonheur, se retrouvent éjectés sans autre forme de procès. Ceux-ci vocifèrent et hurlent de vaines prédications ou d'inutiles injures qui, loin d'être efficaces, aggravent leur cas.

 Lorsque le désir s'éteint, il n'est plus de promesses où de projets qui tiennent.
Rien ne sert de vouloir le retenir : cet oiseau ivre d'espace ne connait ni limites, ni frontières.
On peut espérer un futur commun mais nul ne peut le garantir. Si celui-ci reposait sur des bases ou des liens qui ne sont plus, à quoi bon continuer?
Si par un malheureux hasard vous tomber sur ces lignes, je pense que vous partagerez mon avis.
Est-il donc si difficile d'être honnête avec soi-même au moment où tout bascule?

 Je ne veux point jeter la pierre car c'est là le lot de tous les êtres ayant un coeur : aimer, désirer, penser, obtenir, avoir, perdre, souffrir, grandir, sentir, mourir, vivre, vivre,... Vivre!

 Mettons de l'eau dans notre vin à défaut...

                                                          ...de couleurs dans nos coeurs.